Rêveries 7 : L’art est un environnement (suite)
L’esprit et la pensée (suite) : La culture
Mon hypothèse en ce qui concerne la culture est qu’elle est comparable à la lumière. Une certaine culture est équivalente à une certaine qualité de lumière, un niveau de luminosité qui révèle “à sa façon” l’inaccessible vérité, l’impénétrable réalité. La lumière est trop forte ou trop faible, froide, large, longue, diffuse ou crue, orientée, rasante ou écrasante, colorant la chose éclairée à sa guise. L’éclairage absolu, personne ne sait à quoi cela ressemble, mais si, pour finir la comparaison, on éteignait cette lumière ?...
Voici ce qui est troublant : il y a des cultures dites pauvres qui manifestent avec plus de puissance une présence intérieure. Il s’agit de l’esprit derrière la forme, l’âme. Ce n’est pas une contradiction, la culture n’est pas l’apanage de l’homme civilisé. “l’intelligence n’a pas de castes et la culture n’est pas le privilège des civilisés” (Vasarely). Rustre ou sophistiqué, il y à des “lumières” qui pénètrent au delà de la surface et nous plongent dans des mondes intérieurs. D’autres “lumières” éclairent davantage la superficie des choses (l’esthétique = Jolie = surface / mais beauté = consistance — “L’art est en profondeur”, “L’esthétique en superficie”).
La lecture des sciences religieuses est à mon sens soumise a la qualité de “l’éclairage” : un fou y verra ordre à faire des folies. L’esprit scientifique est lui aussi destiné à s’affiner, à se défaire d’idées reçues. La science est “une leçon” de remise en cause et de vérifications permanentes. Elle n’est pas vérité, mais aventure humaine. Il m’apparaît qu’un esprit scientifique devenu étriqué, stérilisant ses capacités humaines tel que la simple empathie, peut devenir un aveugle et un fou. La chose qui me met sur mes gardes, c’est que je sens que notre intelligence est un héritage du prédateur que nous sommes resté. L’intelligence est à notre insu de nature à amener au succès le déterminisme de nos egos. Sans recul sur notre propre intelligence, pas d’intelligence.
La manière d’avec laquelle on interroge la réalité, notre” état d’esprit”, est-il “le fer de lance” du savoir ? “L’éclairage” devance t’il les territoires à découvrir ? Pour émettre une “hypothèse” ne faut-il pas être “agrandi” par de nouvelles conceptions ? Qui de la science ou de la pensée précède l’autre ? Sont-ils des pas alternés comme cette image de l’homme qui marche ? Les possibilités de circonscrire le sujet s’éloignent, je m’égare de carrefours en carrefours, de voisinage en voisinage, et nous ne sommes toujours pas plus avancés.
L’état d’esprit domine les concepts : Au travers de l’enseignement de plusieurs professeurs dans le domaine des sciences humaines, on peut se rendre compte que les connaissances et les “règles” proposées, témoignent de l’état d’esprit respectif de l’homme-enseignant. Si l’homme est petit, il aura des règles petites. Si l’homme possède une sensibilité intelligente, son enseignement sera tel.
Ainsi ce ne sont pas des règles et des conseils qu’en réalité le professeur laisse à son élève, mais un état d’esprit qui bon ou mauvais échappe à tous deux. Je suppose que l’on peut découvrir par soi même une règle, mais plus difficilement un état d’esprit car ce dernier se transmet plus qu’il ne se conçoit. Comme si une “configuration d’esprit” se reproduisait a la manière des êtres vivants, chacun selon son espèce, ici par témoignage. Les meilleures règles ne semblent pas aider beaucoup une culture médiocre à s’élever. Par exemple un élève, malgré la qualité de l’enseignement qu’il reçoit, peut s’emprisonner lui même en écoutant le cours par “le petit côté”. L’élève comprenant selon sa configuration d’esprit, ici, étriquée.
Je crois en ce qu’une vraie rencontre avec un nouvel ami peut éclairer un esprit. Il est d’usage de dire qu’une telle rencontre peut se réaliser au travers d’une oeuvre. Un ami pourrait provoquer de meilleur “grandissement d’un être” que ne le ferait un enseignant, sauf si ce dernier joue ce rôle de rencontre véritable. Une bonne initiation devrait permettre à l’initié de trouver lui même ses propres règles, celles qui lui correspondent. L’esprit direct ne prend pas en otage l’esprit s’il se montre en tant que tel, contrairement à des préceptes masquées dont on ignore la forme d’esprit et qui agissent à notre insu. Pour exemple un professeur, au travers du témoignage qui lui échappe, peut inculquer simplement son état d’esprit de professeur. L’éleve se complaisant dans une attitude d’élevé peut engendrer toute sa vie des ouvrages de bon élève.
“Les règles n’ont pas d’existence en dehors des individus” (Matisse) – “Le secret, c’est de suivre les avis que les maître vous donnent par leurs œuvres en faisant autre chose que ce qu’ils ont fait” (Degas).