PAUL GUIMEZANES • Professeur de dessin et de gravure,
consacrant sa vie à l'illustration de la bible.
• Né le 1er Septembre 1916 à Brest, d'un père médecin de marine, d'origine catalane.
1937 : étudiant à l'école Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris,
1939, il a 23 ans et c'est la guerre ! Mobilisé le 28 Novembre, puis prisonnier le 25 juin 1940 au Stalag 3A à Luckenwald où il crée l'Académie du Camp, est démobilisé le 14 janvier 1943.
1943 : retourne aux Beaux-Arts de Paris pour y étudier le dessin dans l'atelier d'Untersteller et la gravure avec Pénat puis avec Robert Cami.
1946 : Premier prix de Rome de gravure en taille douce.
1949 : A 33 ans, lors d'un pèlerinage Paris-Rome à bicyclette, il décide d'exprimer sa foi par ses images en consacrant sa vie à l'illustration de la bible : de la Genèse à l'Apocalypse sans cesse recommencé.
1951-1952 : Pensionnaire de la CasaVélasquez à Madrid.
1952-1956 : Professeur de dessin au Lycée Français de Londres
1957-1974 : Professeur de dessin et de gravure à l'école Régionale des Beaux-Arts de Tours.
1974-1984 : Professeur de dessin et de gravure à l'école Régionale des Beaux-Arts de Nantes.
1985 -2000 : Dessine et peint dans son atelier de Montrouge.
• Meurt le 4 février 2001 à l'hôpital de Villejuif.
Écrit de Calméjane Yves en septembre 2009 – Élève de Guimezane à Nantes :
"Il n'y avait pas de repos pour le regard, l'esprit et les mots de feu de ce Monsieur un peu seul, qui s'éscrimait comme un diable pour déplacer nos montagnes de conformisme. Une rencontre humaine marquante pour tous ceux d'entre nous, ses élèves. Dans l'atelier de gravure à l'école Régionale des Beaux-Arts de Nantes, et à travers les cours de dessin de croquis, nous étions avec mon ami Jean-Paul Barré, une poignée "d'auditeurs libres" très assidus à la totalité de son emploi du temps dans l'établissement. Il dispensait son discernement avec tant de malice, que bien que très attentif, je ne comprenais pas le dixième de son propos. Ce n'est que bien des années plus tard que des brides sont revenues peut à peut à mon entendement. Il entretenait volontairement autour de son enseignement un flou déstabilisant. Nous étions invités à une rencontre avec les outils intuitifs du dessin; la comparaison, le jugement, le ressenti. Une initiation qui fait plus appel à la reconnaissance qu’à la connaissance. Il nous a demandé d’éprouver une discipline étonnante ; celle de comparer et d’ajuster les choses les unes par rapport aux autres. Il nous à présenté un couple curieux, le creux et la bosse, une sorte de résumé de notre environnement visuel sans complaisance pour les détails. Nous étions invité à l’abandon de contour sans consistance, pour privilégier nos efforts vers la vision par l’intérieur. Cet étrange personnage a libéré mon regard et ouvert mon esprit à la véracité." – Calméjane
Lettre de Jean-Paul Barré en Août 1981, Rezé (44) – Élève de Guimezane à Nantes :
" Monsieur Guimezane est un homme droit et sincére qui m'a apporté beaucoup pour le dessin et la peinture et je lui dois une grande reconnaissance. C'est le seul enseignant à l'École des Beaux Arts qui exerce vraiment son métier avec conscience et conviction. Il aime ses éléves et a à cœur dans son atelier de nous former le mieux possible pour nous laisser affronter la difficile vie artistique. Il essaie aussi de respecter la sensibilité de chacun. Ses méthode sont dures parfois et jamais il ne donne de faux compliments. Il ne ménage jamais ses critiques envers les travaux de ceux qui viennent le voir. Voila pourquoi tant d'anciens éléves viennent revoir Monsieur Guimezane pour avoir son avis... "
Écrit de Pierre-Marie Clavier en avril 1989 – Élève de Guimezane :
" C'est un petit bonhomme' gris de costume, portant avec espièglerie ses 73 années qui, loin de l'avoir vieilli, l'ont laissé intègre de toutes ses révoltes. Son regard bleu nous transperce, son sourire nous réchauffe et son oeuvre nous transporte. Aux Beaux-arts de Tours, où j'étais son élève, il m'enseignai la passion du trait avec cette exubérance qui le caractérise, cette vérité qui le guide et cette violence qui me fascine. Comment ne pas présenter l'oeuvre de Paul Guimezanes en ce lieu sacré (Basilique de Neuvy saint Sépulchre - Indre) ses déchirures me parlent comme étant à l'image de notre passage : incomplètes mais uniques. Le trait raconte vrai et la couleur le soutient avec exactitude, et cette obsédante vision d'un Christ-souffrance, portant dans le regard l'entière misère humaine, me bouleverse. Il est peintre de son temps sans être esclave de son époque. Du trait précis du graveur, à cette orgie graphique : un demi-siècle de travail et de mouvement, un demi-siècle passé à désapprendre pour comprendre, un demi-siècle d'espoir, d'hésitation et de doute, le tout sur fond de bible ; l'homme mérite autant que son œuvre : respect et admiration. "
Pierre-Marie Clavier
Frederic Guionnet – Élève de Guimezane " ... Il s'installait à la terrasse du restaurant où il déjeune tous les jours, près de St Germain des Prés, dans sa vieille veste à petits pieds de poule. ... Il fut mon professeur, le seul en vérité, que je rencontrai dans cette école d'arts de la ville de Nantes que je fréquentais rêveusement à la toute fin des seventies...Paul Guimezanes... Je lui dois tant : ce qu'il m'a enseigné, et l'exigence qu'il m'a apprise. Lui aussi m'a montré ce que peindre veut dire, il est mon chinois, celui que j'ai rencontré, bienveillant et sévère, énigmatique et souriant, profond et lumineux, mais aussi très seul, et si courageux devant l'énorme tâche qu'il s'était donnée et la hauteur à laquelle il l'accomplissait... Jésus! il est mort dans ses bras, en l'an deux mille un, mais il me parle encore. Il n'y a guère de peinture à laquelle je travaille que je ne l'entende me dire ce qu'il en pense. Il m'empêche d'être facile, il me défend d'être difficile, il m'encourage quand je me décourage, il me pousse, moi qui paresse. Je ne me trouve pas ces qualités, mais je m'efforce d'y tendre, c'est suffisant pour moi; il est plus indulgent qu'avant. ... J'aimais son approche du dessin, j'aimais que ce soit parfois énigmatique, j'aimais qu'il nous prenne au sérieux et qu'ils nous fasse, donc, parfois, de difficiles reproches. Je suis allé le voir ensuite deux fois à Paris, on regardait ensemble les bandes dessinées aux terrasses des librairies, il me faisait encore un cours de dessin, et d'esthéthique. Il a beaucoup compté dans ma morale artistique, je lui dois de me méfier des facilités et des "façons", pourtant je suis bien paresseux. "
http://fredericguionnet.blogspot.fr
frguionnet@numericable.fr
Je remercie cet homme pour ses qualités de coeur et de pédagogue, il m'a tout appris :" Voyez les choses de l' intérieur et au-delà du Visible", tout un programme de Vie énoncé en quelques mots
Bertand. Beaufour, Élève de Guimezane
Annette Loison (Denmark) Élève de Guimezane à Nantes
Jacques Badeau, Élève de Guimezane à Tour
Fourcade
Pierre Wager
Écrit de Paul Guimezanes en juin 1989 :
L'homme informé ne peut que se poser des questions à propos de ce Jésus qui s'est dit fils de Dieu, venu pour sauver le monde et qui finira cloué sur une croix entre deux misérables pour ressusciter. Chrétien et artiste, depuis quarante ans, au rythme des saisons et de la liturgie, j'essaie d'approcher Jésus, de le situer dans l'image, avec mes moyens, mes élans et mes faiblesses. Parfois, au hasard de l'exécution, le graphisme m'apporte ce que je n'avais pas prévu... et peu importe puisque je n'ai d'autre ambition que d'essayer d'approcher un peu ce Jésus, de le faire paraître pour moi, c'est sûr, pour les autres si cela peut se faire. D'autres artistes sauront peut-être employer des matériaux plus nobles et les faire vibrer très haut, à la hauteur de leur foi. Cela à déjà eu lieu. Pour moi : métier, technique, inspiration marchent si difficilement ensemble, que je me contente d'accepter ce qui vient comme ça peut : à la grâce de Dieu.