La Montagne, lundi 14 août 2017
Deux univers différents pour Yves et Isabelle mais un amour commun du dessin. Yves Calméjane et son épouse Isabelle Desternes exposent leurs travaux au moulin Richard-de-Bas jusqu’au 20 août.
Yves Calméjane est désormais un habitué du Moulin Richard-de-Bas puisqu'il y présente actuellement sa troisième exposition annuelle. Mais cette fois, l'artiste a choisi de partager les murs de la Combe-Basse avec la dessinatrice Isabelle Desternes qui n'est autre que son épouse.
« J'ai beaucoup dessiné dans ma tête, explique Isabelle Desternes, et ce dès l'âge de quatre ans. J'ai aussi beaucoup observé. Le dessin m'a toujours poursuivie ». Isabelle a d'ailleurs fréquenté les Beaux-Arts de Lyon avant de s'inscrire à l'école d'illustration : « Il faut apprendre à dessiner », assure l'artiste.
Forte de la qualité de l'enseignement qu'elle a reçu, Isabelle se lance dans l'hyperréalisme : « Je me voyais faire des illustrations pour des dictionnaires, des encyclopédies, relate-t-elle. Mais j'ai vite basculé, j'ai trouvé mon style. Je suis tombée dans l'imaginaire avec une grande joie ».
Si l'artiste insiste sur le fait que le dessin est un métier et un réel travail, c'est aussi pour elle le moyen d'aborder des thèmes « pas toujours marrants » comme la vieillesse, l'isolement, la solitude, la mort. Mais de les aborder avec « légèreté et élégance ».
De l'émotion en quelques traits
Et l'élégance, c'est peut-être justement le premier mot qui vient à l'esprit quand on découvre ses dessins. De l'aquarelle mariée au crayon, un peu de poudre de bronze pour des touches de brillance, Isabelle travaille avec très peu de matériel : « Je veux donner de l'émotion en quelques traits. C'est comme une invitation à la flânerie, il faut prendre le temps ».
L'artiste avoue être très influencée par la littérature, la vie, les gens qu'elle rencontre : « Je parle de sentiments, mais il y a aussi de l'humour dans mes tableaux. J'y parle également des gens que j'aime, de Sempé, de Prévertæ Mes personnages, ce sont des paysages, je n'aime pas être enfermée. Je veux amener à réfléchir et à rêver ».
La technique d'Isabelle est bien éloignée de celle d'Yves Calmejane, qui lui, travaille in situ pour peindre ses paysages. « Ce qui nous lie, c'est l'amour du dessin », remarque-t-elle.
Yves, lui, présente cette année des huiles et des pastels qu'il a réalisés dernièrement. Et on voit d'ailleurs une évolution, un changement dans le travail de l'artiste. « Nous avons déménagé, explique le peintre. On est maintenant plus dans la campagne, un peu moins haut. Le paysage est plus serein, les choses plus douces, plus paisibles. Je peins toujours dehors, jamais d'après photo. C'est la lumière qui fait tout. Mais la lumière change très vite, il faut savoir être rapide. Et pour cela, il faut tout le temps continuer à dessiner, même si on fait de la peinture. Le dessin apporte la dextérité, aide à ce que l'œil aille suffisamment vite ».
« Aucune volonté d'imiter le réel »
Dans les tableaux de Yves, les couleurs aussi ont changé : « Je me sépare des influences de mon travail en Provence, explique le peintre. Contrairement à ce qu'on peut penser, les dominantes provençales sont d'un bleu-gris froid. C'est dans le Nord qu'il y a plus de couleurs. Moi, c'est en Bretagne que j'en ai trouvé le plus ». Et dans ses tableaux actuels, l'artiste confirme que les couleurs sont plus lumineuses, peut-être plus sereines.
« Avec mon épouse, nous faisons tous les deux du figuratif, conclut Yves, mais sans aucune volonté d'imiter le réel ».
Laurence Tournebize, La Montagne
Pratique. Les tableaux des deux artistes sont à découvrir jusqu'au 20 août tous les jours de 10 h 30 à 18 h. L'exposition se poursuit aussi dans la salle des Mésanges du moulin avec une évocation des couleurs à travers la présentation des différents pigments et peintures utilisés au fil des siècles.