Rêveries 8 : Regard sur notre époque
Et aujourd’hui si je poursuis ce cheminement, cela donne quoi ? ... Je propose ici deux approches, une pessimiste puis une optimiste, le but étant de poursuivre cette réflexion sur les influences de notre environnement.
1 — L’évolution inversée
Il me semble ici, que le contexte qui nous environne joue, pour partie, le rôle attendu inverse, un milieu à évolution vers le bas. Mais cette part des choses n’est pas non plus nouvelle. Merci à l’avance d’excuser ce tableau caricatural.
Commençons par la culture publicitaire mercantile qui fait sur les esprits une pression considérable en utilisant les réflexes de nos cerveaux reptiliens. L’art de la vente attaque l’homme par ses côtés les moins flatteurs de son esprit et oublie que ce faisant, cet art cultive en l’homme ces côtés là. Centrage sur soi, avoir, pouvoir, dépendance...
La profusion de jeux de plus en plus sophistiqués contribue à amoindrir le pouvoir d’imagination de toute une petite génération.
Notre environnement qu’est devenu “le petit écran” nous livre des images digérées qui demandent moins d’observation et d’esprit critique. Les impératifs économiques d’audience, entraînent les contenus vers le divertissement, la séduction, la facilité, le sensationnel, les raccourcis.
Les aménagements urbains ont contraint l’espace en parcours linéaires obligés, en spectacles froids, d’où nos âmes humaines sont exclues.
La technologie isole les individus devant des outils qui prennent de plus en plus de décisions à leur place et habituent à esquiver tout effort.
Nos regards sont noyés par une hallucinante profusion d’images qui défilent à grande vitesse. Résidant entre initiés, les arts plastiques, afin d’être plus “contemporains” soufflent un vent de froidure et un vide singulier, pensés pour mourir dans les musées, ou pour nourrir les jeux de la spéculation planétaire capitaliste. Les redresseurs de tort, en voulant dénoncer leur époque, nous fabriquent un environnement qui nous ramène là où nous sommes et plus bas encore, cependant qu’ils prospèrent. Ils oublient la consistance et la joie : le pain et le vin, la fête où tous participent.
En se nourrissant de sa propre culture, des modes et des produits de l’époque, l’artiste devenu en quelque sorte un cannibale, tourne en rond et prend une voie sans issue et devient stérile. Il oublie que c’est dans la nature dont nous sommes issus, intérieur et extérieur, que se trouvent éternellement les ressources les plus futuristes. Ressources déjà inscrites, depuis des millénaire dans la vie-même, c’est à dire dans la création, là, devant nos yeux qui ne voient rien. L’artiste gomme les écrans.
2 — approches optimiste
L’éveil précoce des générations récentes devien évident si l’on compare d’un côté, un enfant d’aujourd’hui et d’autre part, le souvenir des enfants qui avaient le même âge, il y a cinquante ans en arrière. La maturité devient précoce. Jeux, livres, émissions pour enfants sont d’une qualité qui étonnent les adultes eux-mêmes. Même la publicité rectifie son tir, obligé à s’adapter à l’ésprit de plus en plus critique du téléspectateur, jusqu’à devoir imaginer des pubs qui se moquent de la pub.
Les spots publicitaires d’il y a seulement dix ans en arrière nous paraîtront ridicules. Si nous en faisons le choix, notre environnement offre l’accès à la culture, à l’information, aux réflexions qui par de nouveaux moyens technologiques peuvent atteindre les régions les plus reculées de la planète. La vie momentanément emmurée finit par jaillir des ghetos.
Le public le moins averti sait très bien reconnaître un art, cela si une classe qui defent ses privilèges cessait de lui dire qu’il n’y entend rien. La file des visiteurs devant les musées s’allonge de plus en plus. L’art contemporain tarde à trouver son public, mais les marques de son cheminement progresse jusque dans les foyers, jusque dans les villages. Voici enfin de “vivantes énergies” prenant des formes inattendues. Déjà là, ou seulement en devenir. De “vivantes énergies” qui déploient lentement leurs amoureuses floraisons, encore plus humaines et plus jeunes qu’auparavant, au service de quelque chose de dérisoire, dont on ne connaît toujours pas les raisons, mais qui espèrent, avec encore plus de puissance, en autre chose... “vivantes énergies” que nous devrons découvrir, sans l’aide d’aucun spécialiste, sans instruments de mesure, sans formules.
Faire confiance en la vie, laisser la nature réaliser son oeuvre, ne pas enfermer nos sens, voici mon hypothèse pour une conclusion.