Rêveries 7 : L’art est un environnement
Introspections préalables : Mes rêveries simplistes sont influencées par l’éclairage de l’époque dans laquelle je nage comme je peux : L’évolution des espèces, l’écologie des milieux vivants, une mondialisation des connaissances culturelles, quelques mauvais raccourcis scientifiques, puis une sorte de culture humaniste. Quand à ce dieu évolutionniste “qui choisit bien la méthode qu’il veut pour inventer la vie” et que l’ont peut imaginer laissant se dérouler les choses qui sont de son origine sans les contraindre; le “créateur” serait peut-être bien le premier à avoir eu “la foi”, ou autrement dit “confiance” dans “un libre arbitre” sur tout les aspects de sa création, une assurance sur les dénouements heureux des événements successifs, par-ce-que baignant tousses dans l’universalité de son amour.
L’épreuve : Ainsi, un beau jour, un ancêtre primitif a matérialisé des figures issues de son esprit et de ses souvenirs, cela devant ses propres yeux, image qui, en retournant à son esprit devenu spectateur, a déclenché en lui-même des sensations nouvelles, car transfiguré par le voyage en pleine lumière de sa pensée. C’est la magie de ce “cycle continu”, cette “révolution”, que je ressens comme étant un des actes créatifs primordiaux: “Percevoir / penser / poser / relire / corriger”. Dit autrement, les fruits de l’esprit subissent ici l’épreuve des transformations par un aller-retour dans un milieu de nature différent : la réalité. En un mot “l’épreuve”.
Art et milieu écologique : Par un processus équivalent aux “transformations”, les éléments vivants évoluent, confrontés à des changements de leur environnement. Les créations naturelles ou humaines prennent les mêmes routes. Création = transformation d’éléments écartés de leur milieu de départ. Un tableau est un univers suffisant à lui-même, cohérent comme un milieu vivant, qui happe le spectateur et opère sur lui des transformations. Ces transformations sont d’ordre spirituel. Je vous rappelle que tout ce ci n’a rien de scientifique mais simple rêverie...
L’évolution de l’homme par l’homme : Je pense que l’homme, en modelant lui même son propre environnement, s’est donné sans intention, les conditions de sa propre adaptation et de son évolution. Cela parallèlement aux autres espèces, qui évoluent par dépendance à leur milieu naturel. Par exemple le vêtement a supplanté le poil, la nourriture découpée par l’outil, puis assouplie par cuisson, a affiné la mâchoire de notre grand-père (souvenir de l’école primaire ... ?). Plus récemment, les boutons poussoir ont éveillé une génération à l’informatique. Notre question est : est-ce que la perception du monde qu’offrent les cadres de vies distillées par la pensée humaine et qui constituent son environnement non naturel, aurait très lentement élevé son esprit ?
Dans ce concept de “soupe originelle”, j’ai très arbitrairement mélangé toutes les disciplines de l’esprit humain : les inventions techniques, les outils, les objets usuels, l’habitat, le langage, l’écriture, la pensée, l’organisation sociale, les cultes et les rites, les traditions, les transmissions du savoir, l’éducation, les arts. Ce “contexte amniotique”, est-il une substitution de notre environnement primitif, de nouvelles conditions naturelles, une seconde nature, un champ “cultivé” à faire pousser l’humain; notre creuset (?). Sommes-nous des exclus de la nature ? Notre mode de vie est-il “la Nature”, ou une certaine disposition de la nature; la vie même ? L’évolution de l’homme par l’homme ?
Ce qui pourrait laisser apparaître une contradiction, c’est que l’art, à l’opposé de cette idée de rupture d’avec la nature, continue de puiser dans cette nature, comme dans une source intarissable. Une source dans laquelle il semble se régénérer.
“Respectueux de la tradition, sachez discerner ce qu’elle contient d’éternellement fécond : l’amour de la nature et la sincérité” (Rodin) — “Une œuvre d’art qui ressemble à la nature est inutile. L’art est artificiel et point naturel ... le propre de la création c’est de se distinguer de la nature, non pas de se confondre avec elle” (Vasarely).